Pouvez-vous vous présenter brièvement et nous parler de votre parcours avant de rejoindre la cellule CMST ?
Je suis médecin urgentiste depuis plus de 13 ans. J’ai toujours été attiré par l’imprévu et les situations où il faut agir vite et bien. Ce côté multitâche, propre à l’urgentiste, me correspond parfaitement — j’aime l’image du « couteau suisse ».
Travailler en équipe, développer des projets, expérimenter de nouvelles choses sur le terrain font partie de ce qui m’anime au quotidien. J’ai ainsi été impliqué dans plusieurs dynamiques : avec le Collège de Médecine d’Urgence du Poitou-Charentes (CPCMU) dès 2015, puis avec le CESU 79 à partir de 2020, pour porter des actions de formation, de simulation, de lien ville-hôpital.
Ces engagements m’ont progressivement amené à intégrer la commission scientifique de la SFMU (merci Agnès !), puis à co-coordonner aujourd’hui le board innovation, avec des collègues aussi passionnés, qui partagent cette vision : voir loin pour faire bien.
Qu’est-ce qui vous a motivé à rejoindre la cellule CMST ?
Ce qui m’a accroché, c’est la volonté de créer une dynamique de coopération et d’harmonisation à l’échelle régionale, avec des outils concrets, au service des filières de soins et de l’innovation.
J’aime les défis et les projets qui gardent une approche très terrain. Jouer ce rôle de facilitateur pour améliorer le fonctionnement global, tout en restant connecté aux réalités du quotidien, c’est exactement ce qui m’intéresse.
Quelle est la mission principale de la cellule CMST au sein de l’ORU Nouvelle-Aquitaine ?
L’enjeu est énorme ! Il s’agit d’accompagner le développement et la structuration des filières de soins urgents dans chaque territoire, en identifiant des solutions simples à des problèmes parfois complexes.
Par exemple : comment mobiliser le secteur privé en soutien au public en cas de tension ? Comment lever les points de blocage dans certaines prises en charge (comme la traumatologie non vitale) ? Comment favoriser la coopération entre établissements ? Ou encore, comment renforcer le lien ville-hôpital ?
Le CMST animera les comités de pilotage des réseaux territoriaux des urgences, en lien avec les directions départementales de l’ARS, et valorisera toutes les initiatives innovantes mises en œuvre en amont des urgences : CPTS, SAS, IDEL, SDIS, UMH-P, etc.
Notre mission est aussi de diffuser les outils développés par l’ORU, d’analyser l’impact des réorientations à l’accueil, ou encore de suivre les suspensions d’activité dans les structures d’urgences.
Quel est votre rôle concret en tant que médecin dans cette cellule ?
Je suis là pour accompagner la mise en œuvre des filières de soins, en lien avec les coordonnateurs locaux. Cela passe par l’animation d’équipes, le suivi des actions menées, et l’analyse des éventuels événements indésirables.
Je participe aussi à la valorisation des actions innovantes, à la formation des professionnels, aux audits menés dans les structures à la demande de l’ORU NA, ou encore à la rédaction de recommandations.
Le CMST s’implique aussi dans la veille technologique et le déploiement de nouveaux outils numériques. On participe à la communication (webinaires, congrès, publications) et on porte ou suit des études et projets. Enfin, en fonction des besoins, je peux représenter l’ORU NA dans les travaux menés par la FEDORU.
Concrètement, que peut apporter la cellule CMST au quotidien des services d’urgences ?
Avant tout, un rôle de facilitateur. L’idée, c’est de créer un maillage territorial solide, de remettre tout le monde autour de la table, et de construire des solutions ensemble. On est tous dans le même bateau — encore faut-il apprendre à se comprendre et à coopérer.
Grâce à l’ORU, on a accès à des données objectives, standardisées, qui permettent de prendre du recul et d’agir de façon plus ciblée. On ne fait pas de magie, mais on peut vraiment apporter un soutien concret, au bon endroit et au bon moment.
Quels sont les principaux défis auxquels vous êtes confronté ?
Les problématiques les plus fréquentes sont d’ordre humain et organisationnel : manque de communication, cloisonnement, méconnaissance mutuelle des contraintes entre acteurs.
Les comités de pilotage territoriaux vont permettre de mieux coordonner les acteurs et de répondre à ces défis en s’appuyant sur les directions départementales de l’ARS.
Par ailleurs, la veille active de l’ORU, combinée aux outils de suivi, permet de détecter les tensions : services saturés, manque de personnel, filières qui dysfonctionnent. C’est cette objectivation qui aide à agir plus efficacement.
Comment voyez-vous évoluer le rôle des médecins dans ce type de structure ?
C’est, selon moi, une voie d’avenir. Il est essentiel que les professionnels de santé — médecins comme paramédicaux — s’investissent dans ces fonctions de coordination. Ils connaissent le terrain, les blocages, les leviers.
C’est en travaillant ensemble, avec une approche humble et bienveillante, qu’on pourra faire évoluer les pratiques. Mais cela prendra un peu de temps. Ces nouveaux rôles doivent encore trouver leur place dans le paysage de la santé. C’est en tout cas une belle aventure, et une évolution nécessaire.
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